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ChroniquesSport

Ce blog vise à parler de sport et plus particulièrement cyclisme et football. L'objectif est de décortiquer et analyser matchs et courses sans langue de bois et sans enfoncer de portes ouvertes.

La reconstruction des Bleus est enfin terminée

              2010, le 20 juin, l’équipe de France de football est au plus bas. Tant sur le plan sportif que pour l’image cette date est certainement l’une des plus tristes du football voire du sport français. En pleine Coupe du Monde les joueurs ont décidé de faire grève pour protester contre l’exclusion de Nicolas Anelka, coupable d’insultes à l’encontre du sélectionneur Raymond Domenech lors de la défaite face au Mexique (2-0). Lors d'un entraînement ils font le choix de rester dans le bus et des heurts ont même lieu entre le capitaine Patrice Evra et le préparateur physique Robert Duverne. Les images, diffusées dans le monde entier, jettent la honte sur l’équipe. Les supporters ne se reconnaissent définitivement plus dans cette équipe. Le fiasco s’achèvera par une défaite contre la modeste équipe d’Afrique du Sud.

             Au sortir de cette Coupe du Monde les Bleus ne sont plus rien, ou presque. Commence alors une longue phase de reconstruction et de reconquête, de prestige et auprès du public. Aujourd’hui cette « mission » est à mon avis terminée. Retour sur les dix dates clés du renouveau.

 

 

11 août 2010 : Premier match et première défaite pour Laurent Blanc

 

              Un peu plus d’un mois après les déplorables événements du tournoi sud-africain les Bleus refoulent pour la première fois les pelouses, à Oslo, pour un match amical. Cette rencontre c’est la première en tant que sélectionneur pour Laurent Blanc, joueur emblématique de France 98 et ex-entraîneur de Bordeaux. Pour ce match aucun des 23 du Mondial n’est sélectionné, comme une sorte de punition infligée aux « mutins » de Knysna.

              En Norvège les Bleus font preuve d’une certaine combativité et ouvrent même le score par l’intermédiaire du jeune Hatem Ben Arfa peu après le retour des vestiaires. A l’arrivée c’est tout de même une défaite 2-1 contre la modeste sélection norvégienne. Ce jour-là, supporters et sélectionneur mesurent sans doute plus que jamais à quel point le chemin sera long pour réintégrer le gotha du football mondial. Quelques jours plus tard l’équipe de France perdra encore une fois, en ouverture des éliminatoires de l’Euro 2012 contre la Biélorussie.

 

11 novembre 2011 : Les Bleus seront du voyage en Pologne et en Ukraine

 

              Plus d’un an s’est désormais écoulé depuis la prise de fonction de Blanc. Durant cette période le sélectionneur est parvenu à insuffler un certain renouveau dans cette équipe et même un certain style. Depuis l’échec en Biélorussie la France n’a d’ailleurs plus perdu un seul match et aborde le dernier match des éliminatoires en tête de son groupe. Les Bleus reçoivent d’ailleurs leur dauphin, la Bosnie-Herzégovine, au Stade de France. La France n’a besoin que d’un match nul pour valider son billet pour l’Euro mais une défaite les condamnerait à disputer un match de barrage.

              Dans un match stressant l’équipe de France concède l’ouverture du score peu avant la pause. S’en suit alors une deuxième mi-temps où les Bleus courent après le score. Leurs efforts seront récompensés par un penalty transformé par Nasri à la 78ème minute. Ce match nul permet à l’équipe de France de se qualifier directement pour l’Euro en Pologne et Ukraine. Le renouveau est enclenché mais le parcours est encore semé d’embuches.

 

23 juin 2012 : la France est tombée sur un os

 

              Lors de son arrivée à la tête de l’équipe de France Blanc a pour mission de qualifier l’équipe pour les quarts de l’Euro. Le Cévenol mène à bien sa mission et ses joueurs disputent justement ce quart de finale en ce 23 juin 2012, le premier dans une grande compétition depuis la Coupe du Monde 2006. Leur adversaire est un géant, l’Espagne championne d’Europe et du Monde.

              Contre un tel adversaire les Français s’inclinent (2-0) et repartent donc bredouilles. Au-delà de la défaite c’est surtout le comportement de certains joueurs qui suscite la polémique : insulte de Nasri à un journaliste d’AFP lors du premier match, heurts dans les vestiaires entre les joueurs (Ben Arfa, Ménez, M’Vila sont notamment cités), manque de combativité contre la Suède et l’Espagne. L’équipe de France est donc loin de redorer son image lors de la compétition malgré de réels progrès dans les résultats. La reconstruction connaît un vrai coup d’arrêt.

 

8 juillet 2012 : Didier Deschamps devient le nouveau sélectionneur

 

              Malgré l’objectif rempli Blanc fait les frais de la mauvaise image de son équipe le 30 juin 2012. C’est un ancien collègue de France 98 qui est nommé pour le remplacer. Réputé pour son charisme, son autorité naturelle et surtout d’avoir « la gagne dans la peau » il doit donc reprendre le flambeau. Sa première mission sera de qualifier les Bleus pour la Coupe du Monde 2014 qui doit se dérouler au Brésil.

 

19 novembre 2013 : France-Ukraine, l’acte fondateur

 

              Tombée dans le groupe de l’Espagne, la France n’est pas parvenue à finir en tête de son groupe et doit passer par la case barrages si elle veut se qualifier au Mondial. En face, l’Ukraine, adversaire a priori largement à la portée des Bleus. Sauf qu’au match aller tout ne se passe pas comme prévu et les joueurs de DD concèdent un triste revers 2-0. Les critiques à leur égard sont d’ailleurs très vives, au-delà de la défaite c’est surtout la prestation consternante de l’équipe qui est mise en avant.

              Au pied du mur, les joueurs vont retrousser leurs manches quatre jours plus tard pour renverser la vapeur. Après trente-quatre minutes les deux équipes sont déjà revenues à égalité sur l’ensemble des deux matchs grâce à des buts de Sakho et Benzema. Les coéquipiers d’Hugo Lloris vont continuer de pousser en deuxième mi-temps et finissent par marquer ce troisième but si précieux, celui de la qualification, une nouvelle fois par l’intermédiaire de Sakho. Pour la première fois depuis des années l’équipe de France soulève la ferveur des supporters et le Stade de France n’avait plus vibré à ce point depuis la finale du Mondial 98. Les Bleus sont du voyage au Brésil.

 

20 juin 2014 : le feu d’artifice

 

              Depuis l’exceptionnel barrage retour contre l’Ukraine la France a poursuivi de façon idéale sa préparation pour le Mondial. En ouverture les Bleus se sont imposés très tranquillement contre la modeste équipe du Honduras (3-0). Ce deuxième match de poules, contre la Suisse, s’annonce bien différent. Convaincants lors des éliminatoires, les Suisses font figure d’adversaires redoutables et le match s’annonce très serré.

              Pourtant de match il n’y aura pas. Les jours de la Dèche étrillent leurs adversaires (5-2), en particulier au cours d’une première mi-temps à sens unique (3-0). La France offre un de ses meilleurs matchs sur le plan offensif depuis des années et régale ses supporters. De plus la qualification pour les 1/8 ainsi que la première place sont quasiment en poche à l’issue du match. L’opération reconquête se poursuit après cette éclatante prestation et l’excellente ambiance qu’il semble y avoir dans ce groupe.

 

4 juillet 2014 : les Bleus se rapprochent… mais n’y sont pas encore

 

              Un nul contre l’Equateur (0-0) puis une victoire en 1/8 contre le Nigéria (2-0) plus tard, l’équipe de France est à nouveau en quarts d’une grande compétition. Deschamps aura donc quoiqu’il arrive fait aussi bien que son prédécesseur. En face se dresse l’Allemagne qui reste notamment sur une impressionnante série de quatre demi-finales consécutives dans les grands tournois. Pour la première fois les Bleus abordent véritablement un match dans la peau d’un outsider, mais un outsider aux dents longues, galvanisé par ses récentes prestations.

              La France est pourtant cueillie à froid par un but d’Hümmels dès la 13ème minute et ne parviendra jamais à revenir, stoppée notamment par le meilleur gardien du monde Manuel Neuer. Sans démériter les Français mesurent le chemin qu’il leur reste encore à parcourir, notamment en termes d’expérience, pour rivaliser avec les toutes meilleures nations. Une fois encore les Bleus sont éliminés aux portes du dernier carré par le futur vainqueur.

 

4 novembre 2015 : de « l’affaire de la Sextape » à « l’affaire Benzema »

 

              Engagée dans une longue période de deux ans de matchs amicaux car pays organisateur du prochain Euro (donc qualifiée d’office) l’équipe de France « vit » sans remous depuis la fin de la Coupe du Monde 2014. Une importante affaire judiciaire éclate pourtant en marges des rassemblements des Bleus. Mi-octobre il est révélé que le joueur de l’OL et de l’équipe de France Mathieu Valbuena a été victime de chantage pour une sextape récupérée par des individus mal-intentionnés.

              L’affaire connaît une évolution rapide et le 4 novembre l’enquête semble révéler que son coéquipier en Bleu Karim Benzema aurait servi d’intermédiaire entre les maîtres-chanteurs et « Petit Vélo ». Valbuena confirme assez rapidement ces soupçons et le joueur du Real finit par être mis en examen. Cette affaire écorne largement l’image d’une équipe de France soudée et encore un peu plus celle de Benzema, joueur à la réputation déjà houleuse. C’est le début d’une longue affaire qui va polluer le quotidien de l’équipe de France jusqu’à la préparation de l’Euro. Benzema devient dès lors non-sélectionnable et entame une « course contre-la-montre » pour essayer d’accrocher une place à l’Euro.

 

13 avril 2016 : Benzema définitivement écarté

 

              C’est dans un communiqué rédigé par la FFF que le public apprend que Benzema ne sera pas sélectionnable pour l’Euro en France. Alors que l’affaire n’est toujours pas résolue, le président Noël le Graët et Didier Deschamps font le choix de suivre la grande majorité de l’opinion publique (environ 75%) de se passer du joueur formé à Lyon.

              L’équipe de France perd ainsi celui qui est censé être son « leader technique et d’attaque » mais dont les prestations en équipe de France ont souvent été en dents de scie. C’est le jeune Antoine Griezmann qui est désormais censé enfiler ce costume.

              De son côté Valbuena ne verra pas davantage la compétition après une saison ratée avec son nouveau club, l’Olympique lyonnais. C’est la fin d’un long feuilleton pour l’équipe de France (même si de nombreuses déclarations viennent encore jeter de l’huile sur le feu par la suite).

 

7 juillet 2016 : la France prend sa revanche contre l’Allemagne

 

              Malgré quelques victoires à l’arraché les Français parviennent sans trop trembler à rallier le dernier carré de leur Euro. Leur parcours relativement facile est tout de même pointé du doigt (Roumanie, Albanie et Suisse en poules, Irlande en 1/8 et Islande en ¼). C’est en demies que la France retrouve un gros morceau, l’Allemagne championne du monde et qui l’avait éliminée un tour plus tôt au dernier mondial.

              C’est l’occasion pour les Bleus de montrer qu’ils ont enfin grandi et ont mis à profit les deux dernières années pour combler l’écart qui les séparait deux ans auparavant.

              Dans un match plutôt maîtrisé défensivement c’est bien Antoine Griezmann qui donne la victoire à son équipe grâce à un doublé. Ce dernier assume parfaitement son statut de joueur majeur de l’équipe et la France élimine enfin un ténor dans une grande compétition après avoir buté sur l’Espagne en 2012 et l’Allemagne en 2014. Pour la première fois depuis 2006 la France est en finale.

 

 

Ces Bleus doivent maintenant écrire leur propre histoire

 

              Six ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour voir le traumatisme Knysna s’effacer progressivement. S’il est toujours présent à l’esprit car on ne peut effacer un tel fiasco, à l’image d’un France-Bulgarie 93 ou du Mondial 2002, le regard qu’on lui porte est désormais différent. Il est différent car l’équipe de France a parcouru le chemin semé d’ornières de la rédemption ; rédemption sportive, rédemption de l’image.

              Sur ces deux points la demie contre l’Allemagne constitue selon moi la fin de cette reconstruction et ce quelque soit le résultat de la finale de demain soir. Sportif tout d’abord car les Français ont enfin battu un grand d’Europe dans un match qui compte, ils ont même éliminé la meilleure équipe du monde. Certes la France avait déjà triomphé de l’Allemagne lors de la tragique soirée du 13 novembre 2015 mais cela n’était qu’un amical.

A la Coupe du Monde 2014 la France avait fait ce qu’on attendait d’elle, à savoir triompher des adversaires supposés plus faibles avant de s’incliner face au plus fort. On avait alors parlé de tournoi « ni réussi ni raté ». C’était un peu la même chose pour cet Euro avant cette victoire. Désormais il est réussi, d’une certaine manière en tous cas. J’entends par réussi que cette équipe de France s’est définitivement affirmée comme une grande nation en allant en finale aux dépends de la puissante Allemagne. Perdre en finale contre le Portugal serait évidemment un échec mais ne remettrait pas en cause cet état de fait et c’est sur ce point  que l’Euro est une réussite. C’est sur ce point que ces Bleus se sont définitivement détachés de « France 2010 » dont ils étaient jusque-là, et malgré eux, les héritiers. Héritiers car certains joueurs sont encore présents (Evra et Lloris au premier chef), héritiers car la France n’avait plus réalisé une grande performance en grand tournoi depuis, héritiers car leur image auprès d’une bonne partie des Français restait liée à la grève du bus.

Cette fois les joueurs de Deschamps sont sortis de cet héritage étouffant. Ils leur restent à écrire leur propre histoire désormais. Et quoi de mieux que remporter un Euro à domicile pour entamer le premier chapitre ?

 

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